Il existe un lien étroit et de plus en plus reconnu entre les troubles somatoformes et les traumatismes psychologiques. Les troubles somatoformes, désormais souvent désignés sous le terme de "troubles à symptomatologie somatique" dans les classifications modernes (DSM-5), sont caractérisés par la présence de symptômes physiques qui causent une détresse importante, sans que l'on trouve d'explication médicale suffisante. Le patient n'invente pas ses douleurs, il les ressent réellement, mais leur origine est souvent liée à un processus psychologique inconscient.
La somatisation comme expression du traumatisme
La somatisation, qui est le mécanisme au cœur des troubles somatoformes, est la manière dont le corps exprime une souffrance psychique qui n'a pas pu être verbalisée ou traitée. C'est le corps qui "parle" à la place de la psyché. Dans le cas d'un traumatisme, cette relation est particulièrement pertinente.
Le traumatisme psychique : Un événement traumatisant (abus, violence, accident, deuil, etc.) peut dépasser les capacités d'adaptation de l'individu. L'organisme, pour se protéger, peut mettre en place des mécanismes de défense, dont la somatisation. La douleur psychique intense est alors convertie en douleur physique.
La dissociation : Le traumatisme peut entraîner une dissociation, c'est-à-dire une rupture dans la conscience, la mémoire, l'identité ou la perception. La douleur physique peut alors devenir une manière de se reconnecter à son corps, de sentir quelque chose de "réel", même si c'est de la douleur.
Les traumatismes complexes : Les traumatismes répétés et chroniques (par exemple, les abus dans l'enfance) sont particulièrement associés aux troubles somatoformes. Le corps devient le réceptacle des souffrances non-dites et des peurs non-résolues.
Symptômes et manifestations
Les personnes ayant des antécédents de traumatismes peuvent développer des troubles somatoformes se manifestant par une grande variété de symptômes physiques, tels que :
Douleurs chroniques (maux de tête, de dos, douleurs abdominales)
Fatigue chronique
Problèmes gastro-intestinaux
Symptômes neurologiques (paralysie, vertiges, troubles de la vue)
Troubles cardiovasculaires (tachycardie)
Souvent, ces patients consultent de nombreux médecins et subissent une multitude d'examens, mais les causes organiques ne sont pas trouvées. La prise en charge devient alors complexe, car le patient peut se sentir incompris et non pris au sérieux.
Implications pour la prise en charge
La reconnaissance du lien entre le traumatisme et les troubles somatoformes est essentielle pour une prise en charge efficace.
Approche globale : Le traitement ne peut se limiter aux symptômes physiques. Il doit inclure une approche psychologique pour explorer et traiter le traumatisme sous-jacent.
Thérapies adaptées : Des thérapies comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), la thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou l'hypnose peuvent être très bénéfiques pour aider le patient à traiter son traumatisme.
Collaboration médicale : Une collaboration étroite entre le médecin généraliste et le psychothérapeute est primordiale pour rassurer le patient et lui offrir une prise en charge coordonnée et respectueuse de sa souffrance.
En résumé, les troubles somatoformes peuvent être considérés comme une manifestation tardive et corporelle d'un traumatisme psychique non résolu. Comprendre ce lien permet d'éviter les diagnostics erronés et d'orienter le patient vers un traitement qui agit sur les causes profondes, et non seulement sur les symptômes.
Mes accompagnements en qualité de psychotraumatologue viennent en complémentarité d'un suivi médical, demandez conseil a votre médecin.