Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) n'est pas l'apanage des adultes. Il touche aussi les enfants, souvent d'une manière qui peut être difficile à reconnaître. Les événements traumatiques, tels que les accidents graves, les catastrophes naturelles, la violence ou les abus, peuvent laisser des cicatrices profondes et invisibles sur le psychisme de l'enfant. Contrairement à l'adulte, qui peut verbaliser son angoisse, l'enfant peut exprimer sa détresse d'une manière plus insidieuse : la somatisation psychocorporelle.
Qu'est-ce que la somatisation psychocorporelle ?
La somatisation est un mécanisme par lequel le corps exprime une souffrance psychique que la conscience ne parvient pas à élaborer. En d'autres termes, le stress ou l'angoisse psychologique se manifestent par des symptômes physiques réels, mais sans cause médicale identifiable. Chez l'enfant, ce phénomène est particulièrement fréquent car le cerveau est encore en développement et les capacités de verbalisation et de régulation émotionnelle sont limitées. Le corps devient alors le principal support d'expression de la souffrance.
Comment le TSPT se manifeste-t-il par la somatisation chez l'enfant ?
Après un événement traumatique, un enfant peut développer un TSPT. Les symptômes typiques incluent les cauchemars, les reviviscences, l'évitement et une hypervigilance. Cependant, ces symptômes peuvent être accompagnés de manifestations physiques qui semblent n'avoir aucun lien direct avec le traumatisme.
Voici quelques exemples courants de somatisation chez les enfants atteints de TSPT :
- Maux de tête et douleurs abdominales : Des maux de tête chroniques ou des douleurs au ventre sont souvent un premier signe de somatisation. L'enfant peut se plaindre de douleurs intenses, souvent le matin avant l'école, sans que les examens médicaux ne révèlent de pathologie.
- Troubles du sommeil : En plus des cauchemars, l'enfant peut souffrir d'insomnie, de difficultés à s'endormir, ou se réveiller fréquemment la nuit, ce qui épuise à la fois le corps et l'esprit.
- Symptômes pseudo-neurologiques : Dans des cas plus rares, mais pas exceptionnels, on peut observer des symptômes comme des tics, des tremblements, des pertes de sensibilité ou des difficultés motrices qui sont en fait d'origine psychique.
- Affections cutanées et troubles digestifs : Des éruptions cutanées, de l'eczéma ou des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) récurrents peuvent être des signes que le corps de l'enfant est sous un stress intense et qu'il lutte pour y faire face.
Que faire face à la somatisation psychocorporelle liée au TSPT ?
Il est essentiel de ne pas minimiser ces symptômes physiques. Ils sont le cri d'alarme du corps et ne doivent pas être considérés comme "inventés" par l'enfant. L'approche doit être double :
- Exclusion des causes médicales : Une consultation médicale est toujours nécessaire pour éliminer toute cause organique aux symptômes.
- Prise en charge psychothérapeutique : Une fois la cause médicale écartée, une prise en charge psychothérapeutique est indispensable. Elle doit être adaptée à l'âge de l'enfant et à la nature du traumatisme. Les thérapies comme l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou la thérapie par le jeu peuvent aider l'enfant à traiter le traumatisme de manière indirecte et à exprimer ses émotions refoulées, réduisant ainsi la nécessité du corps de les exprimer à sa place.
Il est important de se rappeler que le corps et l'esprit sont intimement liés, surtout chez l'enfant. Reconnaître les signes de somatisation est la première étape pour pouvoir aider l'enfant à surmonter son TSPT et à retrouver un équilibre psychocorporel sain.
